Le directeur général du portail Internet, Jerry Yang, devra répondre au mécontentement d'un certain nombre de ses actionnaires après la décision de Microsoft de renoncer ce week-end à son offre sur le groupe, faute d'accord sur le prix. A mi-séance, le titre Yahoo chute de près de 15% à la Bourse américaine.
![]() Microsoft a finalement renoncé samedi à acquérir Yahoo |
Le cours de l'action Yahoo avait clôturé vendredi à 28,67 dollars dans l'espoir d'un rapprochement entre les deux géants. Laura Martin, analyste chez Soleil Securities, citée par Reuters, a jugé que Yahoo demandait un prix trop élevé. "33 dollars était un prix correct dans le contexte de ralentissement de l'économie et de tendances négatives sur le marché publicitaire", a-t-elle estimé.
Le numéro un mondial des logiciels était en effet prêt à relever sa proposition de rachat de 5 milliards de dollars, à 33 dollars par action Yahoo (contre 31 dollars initialement annoncé le 31 janvier), soit 47,5 milliards de dollars (30,8 milliards d'euros), mais le portail Internet réclamait 37 dollars, a expliqué le directeur général de Microsoft Steve Ballmer.
"En dépit de nos meilleurs efforts, y compris le relèvement de notre offre d'environ 5 milliards de dollars, Yahoo n'a pas montré sa volonté d'accepter notre offre", écrit-il dans une lettre à son homologue de Yahoo, Jerry Yang. "Après un examen minutieux, nous estimons que les exigences financières de Yahoo ne sont pas raisonnables pour nous et qu'il est dans le meilleur intérêt des actionnaires, des employés et des autres détenteurs de parts de Microsoft de retirer notre proposition", ajoute Ballmer.
Autre impact négatif du retrait de l'offre de Microsoft ; indirect celui-là, puisqu'il concerne Alibaba.com, le géant chinois de commerce en ligne dont Yahoo est actionnaire à hauteur de 39%. Son action a en effet perdu près de 6% à la Bourse de Hong Kong ce lundi matin. Selon des analystes, les investisseurs estiment qu'Alibaba pâtira de l'abandon du géant mondial des logiciels et de son savoir-faire.
Yahoo avait toujours rejeté la proposition de Microsoft à 31 dollars par action, jugeant qu'elle le sous-évaluait, mais les discussions entre les deux groupes s'étaient accélérées ces dernières heures, selon des sources proches du dossier. Microsoft avait fixé une date limite pour l'acceptation de son offre mais cette date était passée depuis samedi dernier.
Microsoft souhaitait acquérir Yahoo pour renforcer ses atouts dans sa bataille avec Google, premier moteur de recherche mondial, qui marche aussi sur les plates-bandes du groupe de Redmond en développant ses propres applications basées sur le net.
Jeudi dernier, Steve Ballmer avait indiqué que son groupe devait trancher entre "trois grandes options". Soit Microsoft jetait l'éponge, soit il relevait son offre et parvenait à un accord à l'amiable, soit il s'adressait directement aux actionnaires de Yahoo, via une OPA hostile.
Yahoo s'est félicité de constater que nombre de ses actionnaires le soutenaient dans son refus d'accepter un prix inférieur à 37 dollars par action. "Maintenant que nous ne sommes plus distraits par l'offre non sollicitée de Microsoft, nous allons être en mesure de concentrer toute notre énergie à la réalisation de la transition la plus importante de notre histoire", a déclaré Jerry Yang dans un communiqué.
Toutefois, certains actionnaires ont d'ores et déjà exprimé leur mécontentement. Ainsi, Eric Jackson, un actionnaire dissident de Yahoo , a déclaré dimanche qu'il allait lancer une campagne pour inciter les actionnaires à retirer leur confiance à tous les directeurs de Yahoo lors de la prochaine assemblée générale annuelle, en raison de leur incapacité à conclure un accord avec Microsoft.
"Une somme importante a été abandonnée sur la table hier lors de la réunion à Seattle", a-t-il déclaré, ajoutant que lui même et plusieurs autres actionnaires étaient surpris et déçus par l'issue des discussions. Jackson dirige "Plan B", un groupe de quelque 140 actionnaires qui détiennent collectivement deux millions d'actions de Yahoo. Ce groupe a été le premier à se prononcer contre le rejet attendu de l'offre de Microsoft par Yahoo.
Après le refus de l'offre, Yahoo va donc devoir rapidement proposer une stratégie alternative. Selon une source proche du dossier, la priorité pour Yahoo resterait d'examiner les alternatives stratégiques. Le groupe serait donc toujours en discussion avec d'autres partenaires potentiels. Yahoo ne recherche pas d'offres, a précisé la source, mais le conseil d'administration est ouvert à l'idée d'examiner des options susceptibles de maximaliser la valeur pour les actionnaires, sans plus de précisions.
Ces dernières semaines, Yahoo a eu des discussions avec AOL, filiale Internet de Time Warner et News Corp. Il a aussi discuté avec Google, son grand concurrent tout autant que celui de Microsoft, avec qui il avait envisagé un partenariat dans la publicité sur le net. Ballmer souligne que la quête par Yahoo d'un accord avec Google dans la publicité liée aux moteurs de recherche rendait "indésirable" l'acquisition du portail par Microsoft.
Dans une lettre à ses employés, Steve Ballmer s'est pour sa part déclaré persuadé que Microsoft pourrait réaliser ses objectifs sans Yahoo même si, reconnaît-il, l'acquisition du groupe aurait "accéléré (sa) capacité à exécuter (sa) stratégie dans la publicité et les services en ligne".
Si elle s'était réalisée, cette fusion aurait été la plus grande jamais réalisée par deux groupes de technologie informatique.
latribune.fr
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