La fusion entre les deux groupes énergétiques devrait être effective courant 2008. GDF-Suez sera, en valeur boursière, le numéro quatre du secteur de l'énergie au niveau mondial. L'Etat français possèdera 35% de ce géant, qui sera dirigé par Gérard Mestrallet. Les titres inscrivent les plus fortes baisses du CAC 40 à mi-journée.
Les conseils d'administration de
Suez et de
Gaz de France ont approuvé, dimanche soir, la fusion des deux groupes français d'énergie selon un nouveau schéma, dix-huit mois après l'annonce initiale du projet.
Le groupe ainsi constitué, numéro quatre du secteur de l'énergie au niveau mondial en valeur boursière, baptisé
GDF-
Suez, sera détenu à plus de 35% par l'Etat. La fusion se fera sur la base d'une parité de 0,9545 action
Gaz de France pour 1 action
Suez, soit 21 actions
Gaz de France pour 22 actions
Suez.
L'apport-distribution de 65% des activités du pôle Environnement aux actionnaires de Suez concomitamment à la fusion se traduira par l'introduction en Bourse du pôle Environnement de Suez. Le nouveau groupe a confirmé que les synergies liées à la fusion, qui devrait intervenir courant 2008, seraient de l'ordre de 1 milliard d'euros par an en année pleine.
Le nouvel accord, négocié entre Suez et la présidence de la République, prévoit la séparation du pôle environnement de Suez, qui restera sous contrôle du groupe fusionné, dans lequel l'Etat détiendra une minorité de blocage de 34%.
L'actuel PDG de Suez, Gérard Mestrallet, sera le PDG du nouvel ensemble. Le président de Gaz de France, Jean-François Cirelli, sera vice-président et directeur général délégué.
L'accord entériné dimanche est différent de celui annoncé en février 2006 par le gouvernement Villepin pour protéger Suez d'un éventuel achat par l'italien Enel. Le projet de fusion a entretemps donné lieu à de multiples rebondissements, reflets d'importants enjeux politiques, sociaux et financiers.
Ce mariage aboutira de facto à "une privatisation" du groupe gazier public, a reconnu dimanche le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant. Alors que le pôle environnement de Suez, valorisé à près de 20 milliards d'euros par les analystes, attire déjà les convoitises d'autres groupes comme Veolia Environnement, il sera contrôlé à 48% par un pacte d'actionnaires, entre le nouvel ensemble (35%) et des actionnaires publics (13%), tels que la Caisse des dépôts ou le groupe nucléaire Areva. Ce pacte sera garanti pendant trois ans. L'Etat de son côté détiendra 34% du capital du nouveau groupe, au lieu de 31% dans le schéma initial.
Ainsi, les actionnaires de Suez ne seraient pas lésés par la différence de valorisation entre les deux groupes (Suez valait vendredi plus de 54 milliards d'euros, contre 36 milliards pour GDF), tandis que l'Etat détiendrait une minorité de blocage. Ce schéma est le fruit d'intenses négociations entre le président Nicolas Sarkozy, qui demandait que Suez "se spécialise dans l'énergie", et le patron de Suez, qui a proposé de filialiser son pôle environnement.
Gauche et syndicats ont redit ce week-end leur opposition à ce projet, qu'ils avaient vivement combattu l'an dernier. Le patron du PS, François Hollande, a accusé dimanche le président de la République d'avoir "abandonné son engagement" sur la participation de l'Etat au sein du nouveau groupe. Le PCF a appelé dimanche à la mobilisation contre cette fusion, tandis que la CGT-Energie, reçue samedi par le chef de l'Etat, a redit son opposition à une fusion "qui aboutira à une participation extrêmement minoritaire de l'Etat".
Claude Guéant a dit que Nicolas Sarkozy "n'était pas complètement en harmonie avec le gouvernement précédent" sur la manière dont il envisageait cette fusion, lancée en 2006 par l'ancien rival de Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin.
La Bourse marque le coup aujourd'hui, après l'annonce des modalités de l'opération. A mi-séance, les actions des deux groupes enregistrent les plus fortes baisses du CAC 40. Suez perd 3,80% à 40,15 euros, tandis que GDF recule de 3,58% à 35,48 euros.
latribune.fr